Notre contributeur externe préféré, Vincent, revient pour une nouvelle chronique instructive.
Autrefois réalisées tous les ans, elles ont lieu tous les 3 ans en alternance avec les départements du Maine et Loire et de la Mayenne, ainsi cette année la Sarthe et l’Huisne font leur cure de jouvence. Cette alternance a pour but de minimiser les nuisances faites tant pour les riverains que pour l’activité économique liée au tourisme.
Le plus ancien témoignage de leur existence date du 5 mai 1772 où elles s’effectuaient sur simple demande d’un propriétaire avec l’autorisation du Service des Ponts et Chaussées. Ce même service en assumera la réglementation quelques années plus tard en accord avec les préfets du Maine et Loire, de la Mayenne et de la Sarthe pour des écourues générales et non plus partielles.
Appelées aussi par déformation populaire « eaux courues », elles étaient aussi connues sous le nom de « chômage » car les bateliers ne pouvaient plus travailler durant cette période. D’ailleurs encore aujourd’hui toute navigation avec un « engin flottant» quel qu’il soit, motorisé ou non, est interdite. En effet, pendant ces deux mois, les niveaux des rivières sont abaissés dans le but d’établir un diagnostic sur les parties immergées des barrages, vannes, canaux et écluses. Celui-ci débouche sur un programme d’entretien de ces ouvrages jusqu’aux prochaines écourues.
Tous les riverains des cours d’eau sont invités à profiter de ces basses eaux pour réaliser des travaux d’entretien ou d’aménagement de leurs installations et de leurs rives (pontons, maintiens de berge, accès à la rivière, stationnements de bateaux, tailles végétales…). Le Domaine Public Fluvial du département soumet à autorisation certains travaux, qui pourraient par exemple modifier le débit de la rivière. C’est ainsi que les propriétaires riverains ou usagers de la voie d’eau concernée, doivent adresser un courrier avant le 15 avril en précisant la nature et la durée estimée des travaux qu’ils souhaitent réaliser.
En complément, le nettoyage des passes à poisson est effectué et, selon le niveau d’envasement, des opérations de curage peuvent être réalisées dans l’objectif de retirer les sédiments risquant d’entraver la navigation.
Outre ces travaux d’entretien, cela permet de mettre à jour toutes sortes d’objets ou matériaux jetés dans les rivières de manière irresponsable et irrespectueuse envers l’environnement. Depuis le 16 septembre, plus de 350m3 de déchets ont été récupérés sur les 86km de rivières et canaux en basses eaux du département. Ces déchets sont aussi divers que surprenants : cônes de travaux, caddies, congélateurs, téléviseurs, scooters, vélos, batteries, barrières de chantier, voitures, parfois même des animaux domestiques enveloppés dans des draps et dernièrement un coffre-fort (vide de tout trésor)… Sans parler des métaux, bois et plastiques en tous genres.
Certaines personnes prennent les rivières pour des poubelles et ne mesurent pas l’impact de ces comportements. La loi punit de tels actes qui sont évidemment source de pollution, et dans ce cas les amendes peuvent aller jusqu’à 12 000€.
En cette année de sécheresse, même si la pluie a refait son apparition, le niveau des nappes phréatiques fait que certaines voix commencent à s’élever sur la nécessité de ces écourues, pour qui, il est techniquement possible d’intervenir sur les ouvrages sans abaisser les niveaux, que vider les rivières favorise le développement de cyanobactéries qui peuvent être mortelles pour les animaux qui viennent s’y abreuver ; et qu’au final, les écourues n’ont plus lieu d’être car maintenues plus par tradition que par réelle nécessité.
Mais dans ce cas là, quid des déchets ?
Photographies présentes sur cette page : ©Vincent Grossin
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